Claude Peyrot à Pradinas : Qu’a-t-il fait à Pradinas ? Il s’est d’abord très bien occupé de sa paroisse. Il a transmis à ses paroissiens son goût pour le beau chant liturgique et il les y a formés peu à peu. Les visiteurs sont surpris. L’évêque de Rodez, Mgr de Grimaldi, l’est vivement et il le lui dit en ne ménageant pas ses félicitations. Nous venons de noter, ci-dessus, la réponse fiérote d’Alexandre, au sujet de la décence des cérémonies.
Il circule beaucoup, regarde, écoute, se réapproprie fortement la langue d’oc, parlée partout et en toute occasion.
En poète, il sait voir les choses. La campagne est belle autour de Pradinas sur ce versant du Ségala, tourné vers le soleil, depuis l’arête sommitale jusqu’aux eaux vives du Lézert. Il n’y est pas insensible. Il engrange.
Et déjà il écrit. On nous dit qu’il aimait bien, aux beaux jours, se retirer au fond de l’enclos du presbytère, dans une sorte de petit oratoire, heureusement conservé et même restauré. Là il trouve la paix et l’inspiration. Apparemment ce n’était pas les premiers vers patois venus de sa plume. Nous avons de lui une poésie patoise, intitulée Lo rei recombalit, dans laquelle il se félicite de voir le roi Louis XV, le Bien-Aimé, revenu à la santé. Ce devait donc être en 1744, quatre ans avant son arrivée à Pradinas. Dans cette pièce, il s’exprime en 140 vers vigoureux, pleins de vie, de verve, dans une versification facile, coulante, un vocabulaire riche, exact. Ce n’est pas une poésie poétique, musicale avec du non-dit, du suggéré, du rêve… C’est une poésie qui conte, qui raconte, qui détaille, une poésie anecdotique et didactique, et c’est déjà tout Peyrot.
Retiré à Millau, il publie dès 1774, soit neuf ans après son départ, un recueil qui s’intitule Poésies diverses patoises et françaises. Une partie de ces poésies avait été écrite à Pradinas.